En lisant les lectures bibliques proposées pour ce dimanche (https://www.aelf.org/2020-05-17/romain/messe) vous constaterez assez vite qu’on y parle de l’Esprit-Saint. Oui, nous nous approchons de la fête de la Pentecôte…
Cependant, je vous invite à amorcer notre petite réflexion à partir de la phrase suivante de Jésus :
« D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous » (Jean 14, 19-20).
Dans ces mots, Jésus ne mentionne pas l’Esprit, mais il le fait juste avant. En fait, la phrase mise en exergue résume le contenu idéal et spécifique de la vie spirituelle du disciple du Christ… On pourrait appeler cela la vie selon l’Esprit-Saint.
Resituons les paroles de Jésus. Il parle le soir du jeudi saint, avant de vivre sa passion et sa mort. De fait, aux yeux du monde, bientôt on ne le verra plus vivant comme on pourra encore le voir quelques heures, jusqu’à sa mort sur la croix. Les disciples eux-mêmes en feront la douloureuse expérience. Mais, au matin de Pâques et puis par le don de l’Esprit-Saint, ils feront l’expérience de rencontrer Jésus à nouveau vivant, d’une autre manière qu’avant, mais d’une façon plus puissante encore. Son humanité sera ressuscitée, c’est-à-dire toute transfigurée et accomplie dans la vie dans le Père.
Joie d’une communion d’Amour et de Vie, pour toujours. Cela remplira de joie les disciples, non seulement comme on peut être heureux en apprenant une bonne nouvelle, mais surtout et aussi parce qu’ils sentent au plus intime d’eux-mêmes que cette traversée de la mort, ils la vivent eux-mêmes en s’accrochant à Jésus. Sa résurrection est contagieuse ! Sa vie de ressuscité devient leur propre vie en voie de résurrection…
« Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous ».
Toute la conversion chrétienne consiste à se laisser habiter et transformer peu à peu par cette promesse et ce « travail » de Dieu en nous.
Nous pouvons aisément deviner que cette joie, cette « bonne espérance » de la vie en Dieu ouvre de nouveaux horizons à l’existence. Et cette joie est multipliée lorsqu’on constate la même expérience aussi chez d’autres personnes, qui peuvent alors devenir des frères et des sœurs dans le Christ. C’est d’ailleurs assez souvent le constat d’un changement positif chez les autres qui nous réveille et nous met en chemin pour avancer dans notre propre changement personnel. D’où l’importance de la « mission » pour la vie chrétienne, du « témoignage » pour grandir dans la foi.
Les deux premières lectures de ce dimanche en donnent des illustrations. Dans les Actes des Apôtres (8, 5-8.14-17), voilà que la première persécution contre les chrétiens (avec la mise à mort d'Étienne, le premier martyr) provoque une fuite des disciples en Samarie. Ils y annoncent Jésus, et beaucoup de Samaritains accueillent l'Évangile. Étonnement pour les apôtres restés à Jérusalem, car jusque-là ils pensaient que cela n’était réservé qu’aux juifs. L’Esprit les précède ; Pierre et Jean iront sur place pour constater les faits, et « confirmer » la foi naissante de ces nouveaux chrétiens par le don de l’Esprit-Saint en leur imposant les mains…
Dans la 2e lecture (1P3, 15-18), l’apôtre écrit à des disciples qui sont en bute aux accusations malveillantes de l’opinion publique, qui trouve les chrétiens bizarres voire irritants (refus des cultes païens et de certains comportements moraux ambiants). Que ceux-ci soient prêts à rendre raison de l’espérance qui est en eux, dit l’apôtre ! Comment cela est-il possible, si ce n’est en accueillant l’Esprit promis par Jésus, ce « Défenseur qui sera pour toujours avec vous, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas » ? Malgré les péchés de ses membres et ses imperfections d’hier et d’aujourd’hui, L'Église en témoigne par ce qu’elle a pu et peut toujours donner de meilleur au monde : le Christ vivant à jamais.
Abbé Jean-Pierre Lorette